Simply Clever - We love cycling - Entretien avec Maxim Pirard (2) : l’ultracyclisme en pratique

Entretien avec Maxim Pirard (2) : l’ultracyclisme en pratique

06/04/2021

Pour ceux qui suivent un peu le cyclisme, le nom de Maxim Pirard sera peut-être familier. Ce sportif de 23 ans participe régulièrement à des compétitions, avec souvent de très bons résultats. Pourtant, il considère principalement ces courses comme un entraînement et un agréable passe-temps. Pour lui, les choses commencent là où la plupart franchissent la ligne d’arrivée. Dans la 1ère partie de cet entretien, il nous a fait partager ses grandes passions : l'ultracyclisme et les Gran Fondos ! Cela vous a émoustillé ? Alors restez bien avec nous ! Avec la bonne préparation, le bon vélo et une bonne dose de réalisme, Pirard va vous mettre en selle.


"Comment te prépares-tu pour une telle épreuve ? En plus de la distance, te fixes-tu aussi des objectifs de chrono ?''

Maxim : "Ce n'est pas simple ! Ce n’est pas comme si on commençait par s’entraîner sur 600 kilomètres, puis sur 700 ... Parfois, on fait un trajet de 250 kilomètres. Et puis durant ces longs trajets, il s'agit surtout d'être mentalement fort, et de rester vigilant la nuit. Et d'avoir une bonne condition physique bien sûr (rires)".

''On s'entraîne aussi à rouler à un rythme régulier, mais le temps n'est pas un but en soi. J’essaie de tenir une moyenne de 30 kilomètres par heure. Au cours de mon tour des Flandres, j'ai roulé à une moyenne de 29 km/h, donc c'était bien. Plus on roule vite, plus les kilomètres passent vite. Le rythme peut faire une différence de quelques heures, la différence par exemple entre arriver avant la tombée de la nuit ou après. Mais il est toujours difficile de prévoir son temps : on peut rencontrer toutes sortes de contretemps en cours de route. Je dois dire que jusqu'à présent, je n'ai jamais eu de pannes. Durant ce tour des Flandres, je n'ai même pas eu à m'arrêter pour manger, il y avait de la nourriture tout le long du parcours".

«Dans le Limbourg, un homme a bondi de sa chaise longue pour rentrer chez lui et en ressortir avec une chaise pliable et un sac de nourriture : "Il est là ! Il est là ! Génial, non ?"»

"Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent se lancer ?"

Maxim : "Pour un parcours de 1.000 kilomètres, il faut compter des années d'entraînement. Veillez à être en bonne forme, et fixez-vous des objectifs intermédiaires, 150 kilomètres par exemple ou 300 pour les coureurs confirmés. Ensuite, vous pouvez augmenter progressivement les distances. Et bien sûr, il est important de manger et de boire suffisamment au cours d’un si long parcours, sinon cela peut s'avérer fatal. Pour le reste, je dirais : connaissez-vous ! Ne démarrez pas trop vite, trouvez le rythme que vous pouvez maintenir ...".

''As-tu beaucoup souffert de la crise du coronavirus ? Comment s'est passée la saison dernière ?''

Maxim : "Il n'y a pas eu de courses, mais j'ai continué à m'entraîner. Jusqu'à ce que je me casse le coude à l'entraînement et que je doive donc arrêter complètement en octobre-novembre. C’est donc une chance pour moi qu'il n'y ait pas eu de courses. J'ai dû repartir de zéro et j'ai l'impression que la remise en condition prend un peu plus de temps maintenant. Avant avril, il n'y a que des courses pour professionnels en Belgique, je m’en sers généralement comme entraînement et je termine souvent dans le top 3 ou le top 5. Je suis habitué à rouler beaucoup plus longtemps que les autres coureurs, donc j'en garde toujours plus sous la pédale en fin de course (rires)''

‘’Comment passes-tu l’hiver ?’’

Maxim : "Comme la plupart des cyclistes, je suppose. En général, après la saison, je prends une pause de deux ou trois semaines. Ensuite, je fais surtout de la musculation en salle, de la kiné, de l'entraînement sur rouleaux... Surtout avec le temps qu'il fait, comme la semaine dernière. La plupart d'entre nous partons ensuite en stage en février". "L'essentiel est de rester actif. Certains font de la course à pied, pas moi, mais je fais du VTT par exemple. Ça permet de se changer les esprits. Les exercices de fitness sont particulièrement importants pour garder ses forces et renforcer ses tendons".

"L'hiver est-il aussi le moment de s'occuper de son vélo ? A quoi faut-il veiller lors de l'achat ou de l'entretien ?''

Maxim : "Le budget est bien sûr le facteur le plus important, car vous pouvez y consacrer autant que vous le souhaitez. Et puis il y a aussi ce que vous avez l'intention de faire de votre engin. Vous voulez un vrai vélo de course avec un cadre plus rigide, pour que toute votre puissance soit transférée au maximum ? Ou préférez-vous quelque chose de plus confortable et un cadre plus souple pour les longs trajets ? Le cycliste moyen apprécie un minimum de confort lorsqu'il roule sur des routes pavées".

"En hiver, quand il y a du sel d'épandage, mon conseil serait : ne roulez pas sur route ! Et si vous le faites, utilisez une chaîne et une cassette bon marché. En été, vous pouvez utiliser votre matériel plus cher et plus léger. Vous devez également nettoyer votre vélo après chaque sortie en hiver".

«On a coutume de dire qu'un vélo propre est un vélo rapide.»

"Quel est ton programme des prochains mois ? As-tu dû changer tes plans à cause du coronavirus ?''

Maxim : "Il y a beaucoup de courses annulées en ce début de saison et la suite elle aussi est incertaine. En mai, 3 Gran Fondos sont au programme, puis 2 en juin (en Suisse et dans les Dolomites) et en juillet ou début août, il y a une épreuve de Coupe du monde en Finlande. Le plus grand objectif de l'année est ensuite le Championnat du Monde en septembre. Organisé par l'UCI. Le système est le suivant : pendant l'année sont organisées des épreuves de Coupes du monde de Gran Fondo. Vous devez alors vous classer parmi les 50 premiers environ de votre catégorie pour être qualifié".

"Et à plus long terme, quels sont tes ambitions et tes rêves pour l'avenir ?"

Maxim : "Je veux encore rouler en Gran Fondo un certain nombre d'années : je n'ai que 23 ans et la plupart des coureurs de longues distances n'atteignent pas le sommet avant 38 ans. Je vais chercher à repousser mes limites : avec ce tour de Belgique que j’évoquais précédemment par exemple, et que je voudrais tenter fin septembre. En plus, ça reste amusant bien sûr : on peut voyager à travers le monde à vélo, on reste partout quelques jours pour vraiment découvrir la culture locale... Ici, on fait toujours le même tour du clocher.''

''Rêves-tu encore de devenir un 'super équipier' dans une grande équipe cycliste ?''

Maxim : "J'ai effectué un stage au sein de l'équipe Bahrain Mérida, puis j'ai passé des tests à Milan. J'ai envoyé des watts de folie et j'ai immédiatement obtenu un stage. J'ai roulé de nombreuses courses avec une équipe du World Tour et nous avons rencontré un certain succès : on a gagné le Tour d'Allemagne, plusieurs courses en Italie … Mon point fort était de garder le leader à l'abri du vent toute la journée".

"Mais Merida voulait absolument garder trois Asiatiques dans l'équipe - ils ont d’importantes parts de marché là-bas - raison pour laquelle j'ai été écarté. Ce n'était peut-être pas plus mal, car les contrats dans le cyclisme professionnel sont très incertains. J’ai donc mis ce rêve en attente pour l’instant et j’ai cessé d’y penser. Les Gran Fondos restent toujours aussi plaisants, la coopération avec les marques est, elle aussi, agréable et je continue à la développer".

“Ok Maxim, y a-t-il encore quelque chose que tu souhaites partager avec nos lecteurs ?”

Maxim : "Eh bien, je reçois souvent des réactions de surprise quand je partage sur Instagram que je suis au travail par exemple. Mais il faut savoir que je travaille 28 heures par semaine comme assistant administratif dans un magasin de vélos. Et que depuis janvier, je suis entraîneur de cyclistes à temps partiel. Les choses sont très différentes en Amérique ou en Italie, où il y a des coureurs à temps plein. Mais ici en Belgique ce n’est pas pareil et il n’est donc pas question pour moi d’envisager de vivre de mon activité de coureur."

«Les gens me disent parfois : si tu étais américain, tu gagnerais beaucoup plus en courant.»

"Certains sont aussi jaloux de mes sponsors, mais cela m'a pris des années. Beaucoup de gens ne comprennent pas qu’ils ne tombent pas du ciel : il faut être unique dans ce que l'on fait et le sponsor attend aussi quelque chose en retour : il faut veiller à obtenir une certaine couverture médiatique, à décrocher de bons résultats... Le contrat avec ŠKODA, par exemple, n’a été signé qu'après deux années de contact.

''Bien, nous avons déjà récolté bien plus que ce que nous pouvions espérer… Alors merci, Maxim, et bonne chance pour la nouvelle saison !''

Qui est Maxim Pirard ?

 

  • Âge : 23 ans
  • Domicile : Herzele
  • Profession : employé administratif (magasin de vélos), entraîneur de coureurs cyclistes, coureur de longues distances
  • Palmarès : Champion de Belgique sur piste, Champion de Flandre orientale sur route, Coupe de Belgique, Champion du monde UCI de Gran Fondo
  • Rêve : le tour de Belgique (1.600 km)

 

En savoir plus ? Lisez aussi la première partie de cette interview dans ce blog !

Photos ©Sigfrid Eggers

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